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Retour sur la Semaine Elizabeth Fry, par les directrices de l’ACSEF

5/9/2022

Au cours de la semaine dernière, nous avons organisé des conversations sur le sujet des peines d’emprisonnement à vie au Canada. De nombreuses personnes du réseau de l’ACSEF, ainsi que des collaboratrices et des alliées, nous ont parlé de cette forme de punition extrême et de son histoire dans notre pays.

Nous souhaitons commencer la réflexion présente en honorant le courage et la transparence des personnes condamnées à perpétuité qui ont guidé nos conversations et qui ont participé aux tables rondes. Ces personnes ont accepté de parler de leur quotidien, et cela en dit long sur leur bravoure.

Tout au long de la Semaine Elizabeth Fry, ces entretiens et ces conversations ont mis en lumière plusieurs vérités sur les condamnations à perpétuité au Canada : les personnes à qui on les inflige le plus souvent (souvent celles qui sont déjà les plus punies et marginalisées); le caractère perpétuel de ces condamnations, qui ne prennent pas fin quand la personne est libérée; le lien direct entre les pratiques coloniales du Canada et les peines de prison à vie; et les répercussions néfastes des condamnations à perpétuité sur les familles et les proches.

En organisant cette semaine des discussions en direct avec des personnes anciennement incarcérées, l’un de nos objectifs était de faire résonner les voix généralement exclues du débat public. Nous souhaitions sensibiliser le public aux discriminations et aux préjugés qui perdurent au sein des systèmes juridique et carcéral canadiens. Notre travail est souvent difficile, mais nous croyons fermement qu’il faut travailler au-delà des différences pour faire respecter les valeurs fondamentales que nous voulons toutes et tous voir émerger dans notre société – un monde bienveillant où les personnes ne sont pas discriminées en fonction de leur race, de leur classe sociale, de leur âge, de leurs capacités, de leur orientation sexuelle, de leur statut conjugal, ou encore de leur expression ou identité de genre.

Plusieurs de nos discussions cette semaine ont porté sur la criminalisation en raison de la race, mais divers motifs de distinction illicite sont également à la base d’une même logique discriminatoire. Au Canada, les personnes sont également criminalisées en raison de leur classe sociale, de leur identité sexuelle et de leur genre. L’ACSEF s’oppose fermement à toute attribution de caractéristiques négatives à un groupe de personnes. Ainsi, nous nous engageons à contester tout regard négatif sur n’importe quelle personne. Nous nous efforçons plutôt de démontrer que ce sont les déficiences au sein de nos structures et de nos systèmes sociaux qui sont nuisibles et qui conduisent aux innombrables problèmes de société auxquels nous sommes confronté(e)s. Nous pensons qu’il faut faire respecter les droits de chaque personne.

Nous souhaitons également reconnaître le rôle crucial que jouent nos Sociétés membres. Nous réfléchissons aux manières dont l’ACSEF et les Sociétés locales membres peuvent travailler ensemble, aux côtés des personnes qui ont été incarcérées; aux multiples façons dont notre travail peut servir de base à un plaidoyer en faveur du changement, tout en fournissant des soutiens communautaires indispensables afin de combler les lacunes systémiques – plutôt que de « pathologiser » les individus. Nous devons nous efforcer d’être

solidaires des personnes condamnées à perpétuité; nous devons chercher les possibilités de partage du pouvoir et abandonner toute approche négative ancrée dans le paternalisme.

Puissions-nous œuvrer ensemble à l’avènement d’un monde où les besoins de chacun et chacune seront comblés. Puissions-nous continuer à travailler ensemble, à avoir des discussions difficiles et, ce faisant, à nous traiter les un(e)s les autres avec bienveillance et empathie. Merci pour votre temps et votre participation. Puissions-nous nous réveiller chaque jour avec l’envie de travailler du mieux que nous pouvons pour un monde plus juste.

Dans l’amour et la solidarité,

Emilie, Nyki, et Jackie